Le tracé du mur aurait été confié à l’architecte carpentrassien Antoine d’Allemand.

Le mur traversera le plateau de Vaucluse du col de Lagas jusqu’à la combe entre Lagnes et Cabrières. Il sera prévu d’une hauteur de six pieds (environ 1,8 m), et d’une largeur de deux pieds (environ 60 cm).

Ensuite, de Cabrières jusqu’à la ligne de la Durance, à une demi-lieue (environ 2 km) en aval de Mérindol, au lieu-dit Saint-Ferréol, on creusera un fossé de six pieds de large et autant de profondeur, longeant un parapet de terre. Ce dispositif sera complété par une série de barrières permettant le contrôle des voies principales.

  • Barrière au lieu-dit Saint-Hubert, pour les communications avec le pays de Sault.
  • Barrière de Bourbourin, pour la communication avec Cabrières, Gordes et le pays d’Apt.
  • Barrière de la tour de Sabran, pour la communication avec Oppède, Ménerbes, Maubec.
  • Barrière dite de Montélimar, à Saint- Ferréol, pour la communication avec la vallée de la Durance.

Dès mars 1721, Avignon et le Comtat décident de lever 500 hommes pour la construction de la « muraille de la ligne ».

Chaque communauté doit fournir un certain nombre d’hommes choisis parmi les artisans, vignerons, travailleurs de moins de 60 ans, ni chargés de famille, ni fils uniques.

Ces hommes viennent soit par bonne volonté, soit par tirage au sort. Chaque ouvrier doit apporter ses outils : marteau, cordeau, pelle, pic. Il est payé 10 sols par jour. Les rotations d’effectifs se font généralement tous les 10 jours, mais on trouve des séjours variant de 6 à 12 jours.

Les ouvriers logés dans les villages perdent beaucoup de temps pour se rendre chaque jour sur leur lieu de travail. De plus, les communautés vivent mal ces contraintes et envoient ceux qui ne sont pas directement nécessaires à leur propre protection, des vagabonds et même des enfants dont beaucoup désertent en cours de travail. En conséquence, les travaux s’effectuent lentement. Le vice-légat et le recteur le constatent lors d’une inspection le 27 mai et dès lors envoient constamment des ordres aux consuls pour qu’ils fournissent des hommes.

La lenteur d’avancement des travaux, la crainte des défections à l’approche des moissons et le faible zèle des communautés à fournir des travailleurs contraignent les autorités à modifier l’organisation du chantier. Chaque village, en fonction de son importance, reçoit à sa charge la réalisation d’une portion de l’ouvrage. Les ouvriers engagés sont payés par le gouvernement pontifical à raison de 12 sols par canne de muraille.

En outre, de nombreuses querelles éclatent entre équipes issues de communautés différentes. Un document, cité par Jean Lèbre dans son Histoire de Lagnes, relate une rixe entre des gens de Mazan et de Beaumes de Venise travaillant sur la ligne de la peste à Bourbourin, terroir de Lagnes.

« Pour ce point important, une longue muraille

Doit nous mettre à couvert du sort d’une bataille.

Déjà cent pionniers, déjà mille maçons

Ont égalé la plaine à la hauteur des monts.

L’ouvrage est singulier et sa façon durable

À tout genre d’assaut paraît impénétrable.

Le mur dessus nos monts fixant la sureté

Nous sert pour tout pays de billet de santé. »

Cité par Gaffarel et Duranty, 1911