Les descriptions techniques de la construction du mur sont rares. Les quelques indications relevées dans les archives lui attribuent une hauteur de 6 pans, soit 2 mètres. Vérifier que cette élévation a bien été réalisée est pratiquement impossible : dans son état actuel le mur n’atteint pratiquement jamais la hauteur d’origine. Il faudrait estimer la masse de blocs, tombés de part et d’autre et souvent enterrés, opération d’autant plus irréaliste que le mur est séquentiellement réduit à un modeste alignement de cailloux.
Sur le socle urgonien (calcaire dur), les matériaux, extraits sur place, sont des blocs massifs et mal formés de calcaire très dur, uniquement entamés par des cavités d’érosion. On est loin du litage, tendre et aisé à travailler, des molasses burdigaliennes des piémonts qui permettent le bel appareillage des bancau.
L’assemblage irrégulier, parfois bancal, témoigne autant de la grossièreté du matériau que de la médiocrité du travail des tâcherons. Mais on peut cependant appréhender toutes les vicissitudes de son histoire :
- l’urgence de sa réalisation et la hâte de son exécution (mars-juillet 1721),
- son utilisation temporaire (1721-1723),
- la mauvaise volonté des communautés devant les contraintes imposées et celle encore plus évidente des manœuvres envoyés en tâches forcées.
Le mur chemine sur près de 25 km, traversant les Monts de Vaucluse. Nous en avons fait le relevé mètre par mètre, du Sud (depuis la ferme de la Baume), au Nord (jusqu’au Pas du Viguier, près de la Nesque). Nous avons suivi sa trace parfois haute, souvent simple empreinte perdue dans les broussailles. A certains endroits, il a entièrement disparu : entre Bourbourin et la D 100, autour de la Pouraque, à la Corneirette, pour cause de cultures pratiquées ultérieurement à sa construction, et à la Fuste pour cause de reboisements récents


